vendredi 24 février 2012

CFL@InfoContinueCI: Côte d'Ivoire : Ouattara face à lui-même

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Côte d'Ivoire : Ouattara face à lui-même

Le 21 mai 2011 à Yamoussoukro, ADO prend officiellement les rênes du pays.Le 21 mai 2011 à Yamoussoukro, ADO prend officiellement les rênes du pays.© Luc Gnago/AFP
Dix mois après son investiture, le chef de l'État ivoirien Alassane Ouattara occupe tous les fronts et mène l'équipe gouvernementale au pas de charge. Une omniprésence que les législatives de décembre ont accentuée, et qui pourrait ralentir le chantier de la réconciliation.
Un ministre arrive à 7 heures du matin à son ministère. Son bureau est fermé à double tour. Il se démène pour prévenir le gardien, qui reste introuvable. Le fidèle serviteur de l'État ivoirien se met alors à suer à grosses gouttes. L'oreille collée à la porte, il redoute un appel du chef de l'État habitué à vérifier que les membres du gouvernement ne traînent pas dans leur lit... Cette petite histoire, rapportée par un fidèle du régime, est-elle tout droit sortie de l'imagination fertile d'un « spin doctor » ? En tout cas, elle témoigne de l'importance de la communication dans le système Ouattara, où elle est érigée en vertu.
À coups de « storytelling » (méthode de marketing construite autour du récit) et de slogans publicitaires (« La nouvelle Côte d'Ivoire » ; « Opération pays propre » ; « Nous, on avance »), conseillers et ministres assurent le service après-vente des actions gouvernementales pour réhabiliter des infrastructures en piteux état, redémarrer l'administration, relancer la machine économique...
À coups de travaux et de démolitions drastiques, Abidjan, Yamoussoukro et plusieurs villes de l'intérieur ont retrouvé un certain lustre, même si le retour de l'État de droit ne s'est pas fait sans heurts ni grincements de dents.
À coups d'ordonnances, de décrets et d'arrêtés, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) a remis le pays en ordre de marche en neuf mois. Son programme d'urgence a permis de rétablir l'eau et l'électricité, de réactiver tout le dispositif médical et social. Il a aussi remis l'administration au travail - les fonctionnaires arrivent dorénavant à 7 h 30 au bureau et ne se tournent plus les pouces -, verrouillé les régies financières et entrepris de nombreuses visites en Afrique de l'Ouest, en Europe et aux États-Unis pour rassurer ses partenaires et chercher des soutiens financiers. Menant la vie dure à ses ministres, il leur a demandé de se pencher sur les programmes de développement à l'horizon 2020-2030. Ambition : que la Côte d'Ivoire devienne un pays émergent et que son produit intérieur brut (PIB) passe de 23,6 milliards à 50 milliards de dollars (de 17,9 milliards à 38 milliards d'euros) d'ici à 2020. Un pari qu'il ne pourra gagner qu'avec une forte implication des investisseurs privés et le financement de son programme national de développement (PND) de 11 500 milliards de F CFA (plus de 17,5 milliards d'euros).
Un mode de gouvernace antidémocratique ?
L'opposition dénonce un mode de gouvernance antidémocratique, l'absence de tout débat parlementaire et l'émergence d'une oligarchie politico-militaro-affairiste qui se partage le pouvoir et les juteux marchés de la reconstruction. Après les élections législatives du 11 décembre - les premières depuis 2000 -, l'ouverture de la session parlementaire d'avril était censée mettre fin à cette situation institutionnelle inédite. Mais avec une nouvelle Assemblée nationale très largement acquise à Ouattara - le Rassemblement des républicains (RDR), son parti, frôle la majorité absolue avec 127 sièges sur 255, et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ex-président Henri Konan Bédié, son allié, en remporte 77 -, le régime présidentiel devrait conserver toute sa vigueur. Lors du premier Conseil des ministres de l'année, le 11 janvier, Alassane Ouattara a félicité ses troupes, tout en leur demandant de mettre les bouchées doubles. Sa priorité est actuellement la relance de l'emploi, surtout celui des jeunes.
Fermées pour travaux, les universités n'accueilleront pas les étudiants en 2012. Une bombe sociale prête à exploser à tout instant.
Fermées pour travaux, les universités n'accueilleront pas les étudiants en 2012, qui viendront s'ajouter aux 6 millions de moins de 35 ans sans emploi. Une bombe sociale prête à exploser à tout instant. Et l'une des raisons pour lesquelles le chef de l'État souhaite accélérer les grands travaux. Quelque 620 milliards de F CFA d'investissements ont été dégagés dans le budget national 2012. « Cela ne suffira pas pour donner du travail à tout le monde, explique l'un des conseillers du président. Il faut aussi que le secteur privé prenne des risques en embauchant la jeunesse ivoirienne. » En contrepartie, l'État s'est engagé à accélérer le paiement des arriérés aux fournisseurs, à relancer la formation et à améliorer l'environnement des affaires en créant des tribunaux de commerce et en appuyant les PME.
L'autre grand défi est de rétablir la sécurité, une attente majeure des Ivoiriens. Fin 2011, des ex-rebelles devenus membres des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) s'en sont pris aux populations à Vavoua (dans l'Ouest) et Sikensi (dans le Sud). Mécontent du comportement de certains ex-comzones et de la persistance des exactions, ADO a repris la main sur ce dossier, confié jusqu'alors au Premier ministre et ministre de la Défense, Guillaume Soro. Après avoir convoqué tout l'état-major de l'armée, il a nommé l'ancien chef de guerre Zakaria Koné à la tête de la nouvelle police militaire. Cette unité spéciale est chargée de mettre au pas les ex-rebelles récalcitrants. Devrait suivre la refonte de l'armée, promise depuis la signature de l'accord politique de Ouagadougou, en 2007.
La longue route vers la réconciliation
S'il parvient à rétablir l'ordre et à créer des emplois, le chef de l'État pourra certainement réduire la méfiance, l'animosité, voire la haine des partisans du président déchu à son égard. Mais la réconciliation véritable des Ivoiriens sera bien plus longue à venir. L'exercice de catharsis nationale a débuté lentement par quelques gestes symboliques. Certains soulignent le manque de vision et d'organisation du président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny. À sa décharge, le maintien en détention ainsi que le gel des avoirs des barons de l'ancien régime et, surtout, le transfert de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) dans l'attente d'un éventuel jugement ont radicalisé les positions et alimenté les rancoeurs.
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Le dialogue avec les cadres du Front populaire ivoirien (FPI) de l'ex-président n'a pu aboutir, et le parti a boycotté les législatives du 11 décembre. Un scrutin qui a également exacerbé les tensions ethniques dans l'ouest du pays.
Le transfert de Laurent Gbagbo à la CPI a radicalisé les positions et alimenté les rancœurs.
Pour réussir son pari, Ouattara devra montrer qu'il sait tendre la main aux électeurs de Laurent Gbagbo. Pour l'instant, les nominations à la tête de l'État et des entreprises publiques ont été faites sur la base du remerciement partisan. Dix-sept dignitaires de l'ancien régime sont toujours détenus, et leurs avoirs bloqués. Aucune date pour leur procès n'a été avancée. Ce qui hypothèque les chances d'une réconciliation sincère. « Nous sommes prêts à la faire », explique Félix, un habitant de Koumassi (quartier du sud d'Abidjan) qui a voté Gbagbo à la présidentielle de 2010. « Mais on veut la vérité et un traitement équitable des exactions commises par les deux camps. »
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Pascal Airault, envoyé spécial

mercredi 15 février 2012

Côte d'Ivoire : trop de banques, pas assez de comptes

Las banques privées ivoiriennes militent pour 'l'application effective des règles de droit'.Las banques privées ivoiriennes militent pour "l'application effective des règles de droit".© AFP
La première économie de la région est à la traîne en matière bancaire. Les cinq établissements publics de Côte d'Ivoire sont affaiblis et les privés dispersés.
Agir sans se presser. Du côté du gouvernement Ouattara, en matière bancaire, l'époque est encore à la réflexion avant l'action. Premier objectif : statuer sur le sort des cinq banques publiques ivoiriennes en difficulté, dont certaines, notamment la Banque nationale d'investissement, ont un poids non négligeable dans l'économie. « Toutes les options sont en train d'être analysées. Liquidation, regroupement, privatisation... », souligne un conseiller à la présidence. La seule quasi-certitude est que le gouvernement a peu de chances de s'engager dans une recapitalisation massive.
Source : Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d'Ivoire.
Deuxième impératif : « recréer un pôle bancaire public fort, capable de financer réellement et de manière satisfaisante les petites et moyennes entreprises, l'immobilier, l'habitat social, l'agriculture, ajoute le même conseiller. C'est le véritable enjeu aujourd'hui ». Parmi les pistes à l'étude : travailler avec des banques internationales spécialisées ayant développé une expertise dans un domaine important (groupe coopératif, banque agricole, banque de développement local)... Plus généralement, l'enjeu est de bâtir enfin une véritable puissance bancaire, à la hauteur de l'économie ivoirienne.
Depuis plusieurs années, les banques du pays reculent régulièrement dans le panorama financier africain, au profit, notamment, de leurs consoeurs nigérianes, ghanéennes ou kényanes. Le taux de bancarisation s'élève à 10 % hors institutions de microfinance, selon l'Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF). À Nairobi ou à Lagos, il atteint le double, au moins. Tout comme au Togo, leader du domaine dans la zone franc CFA.
Besoin de concentration
"Plus de peur que de mal"
Estimation des pertes : 94,7 milliards de F CFA, soit environ 145 millions d'euros. C'est à ce niveau que la profession chiffre les conséquences de la crise postélectorale qui a secoué le pays. L'essentiel des pertes étant lié à l'augmentation des créances en souffrance, les dégâts strictement matériels ont, au final, été limités. Du côté des banques historiques d'ailleurs, le bilan se révèle moins lourd que ce que l'on craignait. « Plus de peur que de mal, résume Daouda Coulibaly, directeur général adjoint de la Société ivoirienne de banque. Il y a eu davantage de difficultés au niveau des particuliers qu'au niveau des entreprises. Mais 2012 devrait être une bonne année. » Selon le Fonds monétaire international, la moitié des acteurs du marché ivoirien n'atteignent pas le minimum requis en matière de ratio de fonds propres. Un chiffre toutefois à peine plus élevé qu'avant. Preuve que, en Côte d'Ivoire, les petites banques restent le talon d'Achille du secteur. F.M.
Pis, en Côte d'Ivoire, une grosse partie de cette bancarisation est le fait d'une seule banque, publique... En effet, « sur 2 millions de titulaires de comptes, la moitié est à la Caisse nationale des caisses d'épargne [CNCE] », souligne un banquier. Depuis l'arrivée des nigérians Diamond Bank et Guaranty Trust Bank et du gabonais BGFI Bank, 24 établissements prétendent donc se partager un seul million de comptes... « Il est vrai qu'il y a trop de banques et que la capitalisation est insuffisante, estime Guy Sauvanet, directeur général de Diamond Bank Côte d'Ivoire. Il y aura concentration. » Même si cette éventualité dépend aussi de la Commission bancaire de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, l'exécutif ivoirien devrait militer pour des rapprochements entre établissements.
De son côté, le secteur privé a d'ores et déjà porté ses doléances à la présidence, sous la forme d'un mémorandum postcrise, via l'APBEF de Côte d'Ivoire. L'occasion de tirer le bilan des difficultés (lire encadré) et de suggérer quelques pistes de réformes. « L'un des points les plus importants pour nous est l'application effective des règles de droit et l'assainissement de l'environnement juridique », précise un banquier.
La profession milite également pour un assouplissement des contraintes de liquidité, ce qui lui permettrait de prêter davantage à moyen et long terme. Malgré les heurts, elle a toutefois retrouvé confiance. Guy Sauvanet en témoigne : « Je suis très positif sur l'économie ivoirienne, explique-t-il. Les projets importants d'infrastructures dans l'électricité et les ports, ou encore la réhabilitation, sont des facteurs encourageants. »

vendredi 27 janvier 2012

Côte d'Ivoire - France : Ouattara et Sarkozy, comme les doigts de la main

Ouattara dit de Sarkozy : "Si j'ai cinq ou six vrais amis dans le monde, il en fait partie."© Lionel Bonaventure/AFP
 
Ouattara et Sarkozy se sont mutuellement soutenus dans l'adversité. Ils se connaissent depuis vingt ans, et leur amitié ne s'est jamais démentie. L'occasion de la réaffirmer, lors de la visite d'Etat du président ivoirien à Paris, du 25 au 27 janvier.
Petite confidence d'un proche de Nicolas Sarkozy : « Si la visite d'État d'Alassane Ouattara à Paris a été reportée d'un mois, c'est notamment parce que, à la première date prévue, Carla Bruni-Sarkozy ne pouvait pas assister au dîner à l'Élysée. Le 26 janvier, elle sera là. » L'anecdote en dit long sur l'amitié qui lie Sarkozy à Ouattara. « Entre Chirac et Bongo, c'était une amitié d'État à État. Là, c'est vraiment personnel, et c'est élargi aux couples », confie un homme du sérail. Le 19 août 2011, les Ouattara ont été invités à dîner par les Sarkozy à leur résidence d'été du cap Nègre, dans le sud de la France - un privilège rare.
Au début des années 1990, c'est l'industriel Martin Bouygues qui a mis les deux hommes en contact. Contrairement à une rumeur tenace, Alassane et Dominique Ouattara ne se sont pas mariés à la mairie de Neuilly, et Sarkozy n'était pas de la noce. Mais, entre le Premier ministre ivoirien et le ministre français du Budget - deux champions du libéralisme -, le courant était passé tout de suite, et les épouses, Dominique et Cécilia (à l'époque), ont fait le reste.
Quand Ouattara a failli être tué par les hommes de Gbagbo, en septembre 2002, Sarkozy a veillé sur lui.
« C'est dans l'épreuve... » Pendant la traversée du désert de Sarkozy (1995-1997), Ouattara était là. Quand Ouattara a failli être tué par les hommes de Gbagbo, en septembre 2002, Sarkozy a veillé sur lui... Aujourd'hui, l'Ivoirien est sans doute le seul ami africain du Français, et Ouattara confiait en janvier 2011 à L'Express, à propos de Sarkozy : « Si j'ai cinq ou six vrais amis dans le monde, il en fait partie. »
Sarkozy et les promesses de Gbagbo
Leur amitié a-t-elle pesé sur la politique ivoirienne ? Pas tout de suite. Jusqu'en 2009, Sarkozy a essayé de croire en la promesse de Gbagbo de faire des élections libres. Puis il s'est lassé des manoeuvres dilatoires de son homologue ivoirien et a reçu de plus en plus souvent l'opposant Ouattara à l'Élysée, à l'heure de l'apéritif. À partir du coup de force électoral de Gbagbo, en décembre 2010, les deux complices se sont beaucoup parlé. « Ouattara était reclus au Golf Hôtel, se souvient l'un de ses proches. Souvent, il appelait le secrétariat de l'Élysée avant dîner, et Sarkozy le prenait tout de suite. »
Au plus fort de la crise, en mars-avril 2011, les coups de fil entre les deux hommes sont devenus quotidiens. « C'est là que j'ai vu que leur amitié avait un effet, confie un témoin. Quand le camp Gbagbo attaquait, Ouattara et Sarkozy se parlaient presque en temps réel, et ça leur permettait de réagir très vite, en saisissant l'ONU ou en prenant une initiative militaire. » Ce fut le cas le 9 avril, au moment du bombardement du Golf Hôtel par les forces de Gbagbo. Si Alassane Ouattara était français, on sait pour qui il voterait...


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jeudi 19 janvier 2012

CFL@InfoContinueCI: ALASSANE OUATTARA OU LE SYSTEME PROFESSIONNEL AU S...

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ALASSANE OUATTARA OU LE SYSTEME PROFESSIONNEL AU SOMMET D'UN ETAT

Côte d'Ivoire : le système Ouattara
Alassane Ouattara, le 22 octobre, au palais du Plateau, à Abidjan.Alassane Ouattara, le 22 octobre, au palais du Plateau, à Abidjan.© Issouf Sanogo/AFP
 
À Abidjan, le palais présidentiel du Plateau a changé de propriétaire, mais aussi de style. Rien n'est laissé au hasard. Pointilleux, le chef d'État ivoirien Alassane Dramane Ouattara s'est entouré de quelques personnes de confiance. Enquête au cœur du pouvoir.
« Il nous faudra encore environ cinq mois pour que nous soyons totalement installés et opérationnels. Je ne m'attendais pas à trouver un pays à ce point dévasté et pillé… » Dans l'immense bureau du palais du Plateau où il nous reçoit, le chef de l'État ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, a les traits tirés. Devant lui, une pile de parapheurs qui attendent sa signature, trois fauteuils club en cuir marron pour accueillir ses interlocuteurs et une télévision qui diffuse en boucle les programmes d'une chaîne française d'informations en continu. L'écrin du pouvoir ivoirien, là où tout ou presque se décide, en impose. Mais il a changé de propriétaire, donc de fonctionnement et de style.
Jadis ouverte aux quatre vents, la présidence n'a plus rien à voir avec la fourmilière aux allures de capharnaüm de l'ère Gbagbo. Ce dernier aimait avoir son hétéroclite tribu autour de lui, au point qu'il était parfois difficile de discerner les officiels et les confidents des simples factotums. Le palais lui-même, endommagé par les combats et la « bunkerisation » du régime pendant les derniers feux de sa résistance, est l'objet de toutes les attentions : bureaux refaits à neuf par l'architecte Pierre Fakhoury, grand nettoyage de locaux à peine entretenus pendant dix ans – dont la salle de réception « des pas perdus », où furent découvertes armes et munitions – et réhabilitation de l'immeuble voisin destiné à abriter certains services administratifs de la présidence.
Désormais, on n'y croise que le personnel strictement habilité, et la salle d'attente n'est autorisée qu'à ceux qui ont un rendez-vous dûment consigné dans les registres des huissiers. Fini le temps des demandes d'audience impromptues et des visiteurs (plutôt du soir à l'époque) incrustés dans les fauteuils en cuir, qui avaient fini par épouser leurs formes. Tout est « carré », organisé. Les conseillers du « patron », toujours tirés à quatre épingles et équipés d'un iPad, sont dix fois moins nombreux que sous les refondateurs, mais chacun remplit un rôle bien précis.
Les hommes (et la femme) du président
« Le président aime déléguer, nous explique son chef de cabinet, Sidi Tiemoko Touré. Ce qui ne l'empêche nullement d'être très exigeant. Mais il a besoin d'avoir une confiance totale dans ses collaborateurs. » Ouattara choisit donc ceux qui l'accompagnent avec une extrême prudence, que seul le temps viendra estomper. Il entretient des relations étroites avec le Premier ministre, Guillaume Soro, mais également avec le ministre d'État, ministre de l'Intérieur, Hamed Bakayoko, dont il est très proche depuis longtemps. Viennent ensuite le ministre des Finances, Charles Diby Koffi, ceux de la Justice, Jeannot Ahoussou, des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, ou des Infrastructures, Patrick Achi.
À la présidence, tout s'articule autour d'une « troïka » – l'expression est de Ouattara : le secrétaire général Amadou Gon Coulibaly, fidèle parmi les fidèles ; le directeur de cabinet, Marcel Amon Tanoh ; et le directeur des Affairesadministratives et financières (et frère du chef de l'État), Téné Birahima Ouattara, dit « Photocopie » du fait de sa ressemblance frappante avec son aîné. Sans oublier sa nièce, Masséré Touré, pour tout ce qui a trait à la communication, et son chef de cabinet, Sidi Touré. Ouattara le définit lui-même comme son « special assistant », le premier et le dernier qu'il voit chaque jour, celui qui coordonne son agenda et les différents services, mais aussi la logistique de ses déplacements. Cet ancien cadre du privé (chez Schneider Electric), membre des jeunes du Rassemblement des républicains (RDR), est aux côtés de Ouattara depuis que ce dernier est rentré d'exil, en 2006.
Les conseillers sont dix fois moins nombreux que sous Laurent Gbagbo.
Amadou Gon Coulibaly, 53 ans, est la pierre angulaire de ce système. Le chef del'Étatetluiseconnaissent depuis 1990. Il était directeur des études économiques aux Grands Travaux quand Ouattara a été appelé par Houphouët pour présider le Comité interministériel de la coordination du programme de stabilisation et de relance économique, avant d'être nommé Premier ministre. « Nous avons d'abord fait connaissance sur un plan strictement professionnel, se souvient Gon Coulibaly. Il m'a ensuite confirmé comme conseiller technique quand il est devenu chef du gouvernement. Mais notre vraie rencontre date du 5 octobre 1990. Il prononçait un discours lors du congrès du PDCI-RDA. Je suis allé le saluer et il m'a immédiatement donné rendez-vous pour que l'on se revoie… » Depuis, les deux hommes sont inséparables. « C'est lui qui m'a formé, ma carrière se fera toujours à ses côtés », conclut-il.
Amadou Gon Coulibaly est le bras, les yeux et les oreilles du chef de l'État. Il a la charge du suivi de l'action du gouvernement et de l'administration territoriale, ainsi que des relations avec les institutions et les structures rattachées à la présidence (comme le BNETD, le Bureau national d'études techniques et de développement, l'inspection générale, etc.). Sans oublier les questions d'ordre judiciaire.
À la tête du cabinet, Marcel Amon Tanoh, 60 ans. Il a rencontré Ouattara « grâce à la première dame Dominique », en avril 1993. Sociologue de formation, il a occupé le poste de secrétaire général de la mairie de Cocody, avant de se lancer dans les affaires et le secteur privé (café, cacao, textile). Directeur de cabinet au sein du RDR dès 1999, il fera son entrée au gouvernement en 2002, au poste de ministre des Transports. Une fois encore, un long compagnonnage… Amon Tanoh a, sous sa tutelle, la défense et la sécurité, la diplomatie, les droits de l'homme et, évidemment, le fonctionnement du cabinet – une vingtaine de conseillers aujourd'hui, contre près de trois cents sous Laurent Gbagbo, dont certains n'avaient jamais mis les pieds au palais.
Troisième tête de la troïka, le « DAF », Téné Birahima Ouattara, 56 ans, qui a rang de ministre. Depuis Houphouët, la présidence avait toujours fonctionné autour de deux entités : le secrétariat général et la direction du cabinet. La nouveauté, avec Ouattara, c'est l'autonomie de cette direction administrative et financière, jadis rattachée au secrétariat général. C'est « Photocopie » qui a mené le grand nettoyage financier – et donc forcément humain – à la présidence, qui accusait une situation d'endettement préoccupante en avril 2011, avec des encours auprès des fournisseurs de plus de 16 milliards de F CFA (24 millions d'euros). Entre les sites de Yamoussoukro et d'Abidjan, près de 900 salariés ont été licenciés, mis à la retraite ou à disposition de la Fonction publique, soit une éco-nomied'environ 500 millions de F CFA par mois.
Ces trois hommes sont essentiels dans le dispositif Ouattara, dont le style de gouvernance – dixit l'un des proches – à plus à voir avec celui d'un chef d'entreprise qu'avec celui d'un homme politique. Même si, compte tenu de la manière dont il est arrivé au pouvoir et de la situation sécuritaire, il est contraint de faire des concessions,deremer-cier les uns, par des postes politiques, et de faire patienter les autres.
Alassane Ouattara avec Amadou Gon Coulibaly (à g.) et Marcel Amon Tanoh (à dr.), le 28 avril à Abidjan.(Crédit photo : Issouf Sanogo/AFP)
Présidence, mode d'emploi
Le chef de l'État arrive à son bureau vers 9 h 30. Il fait systématiquement un point de la situation sécuritaire avec les directeurs de la gendarmerie ou de la police. Premiers interlocuteurs au palais à son arrivée, son chef de cabinet, Sidi Touré, puis sa responsable de la communication, Masséré Touré. À 10 h 30, il passe en revue l'ordre du jour avec les membres de la troïka. À 11 h 30 commencent les audiences officielles. La plupart des déjeuners sont ensuite consacrés à des réunions de travail : les lundis avec la troïka, les mardis avec Guillaume Soro et les jeudis avec quelqu'un de l'extérieur, personnalité, visiteur étranger ou chef d'entreprise.
Le style Ouattara, c'est plus celui d'un chef d'entreprise que celui d'un homme politique classique.
Le vendredi, jusqu'à une période récente en tout cas, Ouattara essayait de travailler chez lui, dans le quartier de la Riviera (domicile qui est en cours d'extension pour accueillir bureaux et sécurité), puisqu'il refuse d'habiter la résidence officielle de Cocody, où aimait vivre son prédécesseur et ennemi intime Laurent Gbagbo. Tout cela en attendant de s'installer à Yamoussoukro, « mais ce ne sera pas avant deux ou trois ans, précise le chef de l'État, le temps de transférer certains services et administrations ». D'ici là, le système Ouattara aura certainement évolué, les ministres auront changé, peut-être même le premier d'entre eux, Guillaume Soro, que l'on pressent à la tête de l'Assemblée. En revanche, sauf coup de théâtre, la troïka veillera toujours sur le Palais. À Abidjan ou à Yamoussoukro…
Énigmatique M. Serey Eiffel
On prête à Philippe Serey Eiffel, l'ancien directeur des Grands Travaux sous Houphouët (1992-1994), et descendant de Gustave Eiffel, une influence considérable sur le chef de l'État. Très proche de lui depuis l'époque où il était Premier ministre, ce Français (ce qui n'est pas étranger aux attaques dont il est l'objet) de 58 ans a occupé la vice-présidence de son Institut pour l'Afrique. Depuis qu'il a été nommé conseiller économique chargé des infrastructures et coordonnateur général des conseillers à la présidence, certains - et ils sont nombreux - n'hésitent pas à le décrire comme le « vice-Premier ministre chargé des Finances ». Réponse de Ouattara : « C'est un grand professionnel, mais cette réputation n'a aucun sens. Il travaille sous la direction d'Amadou Gon Coulibaly. Et je ne l'ai vu qu'une seule fois depuis qu'il nous a rejoints, en juin dernier... »


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jeudi 15 décembre 2011

Côte d'Ivoire : les secrets du transfert de Gbagbo à la CPI

 
L'ex-président Laurent Gbagbo en résidence surveillée, à Korhogo, le 2 mai 2011.L'ex-président Laurent Gbagbo en résidence surveillée, à Korhogo, le 2 mai 2011.© Sia Kambou/AFP
 
La remise par les autorités ivoirienne de l’ancien chef de l’État, Laurent Gbagbo, à la Cour pénale internationale (CPI) a été savamment orchestrée et rondement menée. Récit exclusif.
Les images des portes du pénitencier de Scheveningen se refermant derrière le véhicule transportant Laurent Gbagbo ont fait le tour du monde. Comme un clap de fin. Elles marquent l’épilogue d’une folle semaine où les avocats du désormais prisonnier le plus célèbre du monde n’ont pu empêcher son transfert à la Cour pénale internationale (CPI). Le scénario, écrit dans le plus grand secret – notamment lors d’une rencontre à Paris le 26 novembre – par le président ivoirien Alassane Ouattara et le procureur argentin Luis Moreno-Ocampo, a parfaitement fonctionné. « Ils nous ont pris de vitesse pour nous empêcher de déposer des recours », confie, un brin amer, Me Emmanuel Altit, l’avocat français de l’ancien chef d’État. Autre son de cloche du côté d’Abidjan. « Nous avons respecté toutes les procédures légales », affirme Me Jean-Paul Benoit, avocat de l’État ivoirien.
D'Abidjan à Scheveningen
11 avril-Laurent Gbagbo est arrêté dans sa résidence présidentielle, à Abidjan.
13 avril - Il est transféré à Korhogo, dans le nord du pays.
25 mai Amnesty - International accuse toutes les parties d’exactions après l’élection présidentielle du 28 novembre.
10 juin -Une commission d’enquête de l’ONU met en cause les forces armées de Gbagbo (FDS) et celles de Ouattara (FRCI).
23 juin - Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, demande l’ouverture d’une enquête sur de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
29 juin -La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) soutien la procédure.
18 août -La justice ivoirienne inculpe Gbagbo pour crimes économiques.
3 octobre -La CPI décide l’ouverture d’une enquête.
5 octobre -Human Rights Watch (HRW) met en cause 13 dirigeants civils et militaires dans les violences, dont l’ex-chef de l’État.
15 octobre -Visite de Moreno-Ocampo à Abidjan.
25 octobre -Le procureur demande la délivrance d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Gbagbo.
23 novembre -Ce mandat d’arrêt est rédigé et signé par les juges de la CPI.
26 novembre - Rencontre à Paris entre Alassane Ouattara et Moreno-Ocampo.
29 novembre - Le mandat d’arrêt est signifié à Gbagbo à Korhogo, il est transféré dans la nuit à la prison de Scheveningen, près de La Haye, où sont placés les détenus de la CPI.
Vendredi 25 novembre
Branle-bas de combat
Vers midi, les défenseurs de Laurent Gbagbo sont informés par le palais de justice d’Abidjan que leur client doit être entendu, le 28 novembre, par un juge ivoirien dans le cadre de l’enquête ouverte sur les crimes économiques commis durant la période postélectorale, entre novembre 2010 et avril 2011. Branle-bas de combat au sein du collectif des avocats. Il faut rejoindre, au plus vite, Korhogo, à plus de 600 km, où se tiendra l’audience. Agathe Baroan, Serge Gbougnon et Toussaint Dako prennent rapidement la route pour la cité du Poro, où est détenu l’ancien président.
Samedi 26 et dimanche 27 novembre
« Sarko m’a tuer »
Leur consœur franco-camerounaise, Lucie Bourthoumieux, a également fait le voyage. Conseil stratégique de Laurent Gbagbo, elle travaille avec les ténors du barreau français, Mes Roland Dumas et Jacques Vergès. Dans la matinée du samedi, elle rend visite à l’ex-chef de l’État, dans la villa du gouverneur de Korhogo, où il est détenu. Au cours de cet entretien en tête à tête sont abordées les questions politiques à l’approche des élections législatives du 11 décembre et les actions de lobbying. Les défenseurs ivoiriens les rejoignent ensuite pour une séance de travail visant à préparer l’audience du lundi. Leur client a le moral et se montre combatif. Reclus depuis plus de sept mois, il consacre son temps à la lecture, aux prières, et regarde aussi la télévision.
Ce jour-là, il est en train de relire les Mémoires du général de Gaulle (Gallimard) après avoir avalé dernièrement Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (Éditions La Découverte), Le Visage de Dieu (Grasset), Mémoires du chef des services secrets de la France libre (Odile Jacob). Et, surtout, Sarko m’a tuer (Stock), le livre au titre évocateur des deux journalistes français Gérard Davet et Fabrice Lhomme. On lui remet aussi Le Coup d’État (Duboiris), une enquête qui lui est totalement favorable, signée du journaliste camerounais Charles Onana. Il commande enfin à Me Bourthoumieux de nouveaux livres rares de Flavius Josèphe, historien du Ier siècle, sur les conflits entre Rome et Jérusalem. Au cours de cette visite, le Dr Christophe Blé, qui vit aux côtés de Gbagbo, est appelé pour examiner le général Bruno Dogbo Blé, l’ancien patron de la Garde républicaine, également détenu à Korhogo. Cette information, parvenue aux oreilles des partisans de l’ancien président, est à l’origine d’une rumeur qui va faire le tour de la blogo­sphère durant le week-end : « On retire à Gbagbo son médecin pour l’extrader. » Il n’en est rien. Le docteur est rapidement de retour. Gbagbo, avant de se séparer de ses avocats, demande encore à Me Bourthoumieux de porter des nouvelles rassurantes à sa mère, 88 ans, qui vit à Accra.
Lundi 28 novembre
Piège ou diversion ?
Laurent Gbagbo est informé, dans la matinée, que le président de la chambre d’accusation d’Abidjan viendra examiner, le lendemain, ses conditions de détention. Une bonne nouvelle. Depuis plusieurs mois, il demande à pouvoir sortir dans la cour de sa résidence pour faire de l’exercice. Enfermé sept jours sur sept, il souffre de problèmes d’arthrose aux poignets et à l’épaule. Vers 15 heures, il rejoint ses avocats au tribunal d’instance de Korhogo pour répondre aux questions de la doyenne des juges d’instruction, Delphine Makoueni Cissé, dans le cadre de l’enquête sur les crimes économiques. Depuis les premières lueurs du jour, le bâtiment est fortement gardé par des militaires. Sur la porte principale, une affiche indique « fermeture au public jusqu’au 30 novembre ». L’interrogatoire va durer près de quatre heures avant que l’ex-président regagne sa villa. « Il a accepté de répondre aux questions », explique Me Gbougnon sans plus de détails. Gbagbo a rendez-vous le lendemain matin pour la poursuite de l’audition. Il ne se doute pas encore qu’il passe alors sa dernière nuit en Côte d’Ivoire.
(Le 29 novembre, Laurent Gbagbo est emmené à l'aéroport de Korhogo, où l'attend un Grumman de l'État ivoirien)
Mardi 29 novembre
La nasse
À 7 heures du matin, le tribunal d’instance est bouclé par les hommes du commandant Fofié Kouakou, à la tête de la Compagnie territoriale de Korhogo (CTK). Le personnel est mis en congé jusqu’au lendemain. Les avocats de Gbagbo se rendent au palais de justice pour la poursuite de l’audience. Accompagné de magistrats ivoiriens et des greffiers de la CPI arrivés d’Abidjan, le procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio, entre alors en scène. Il notifie à Gbagbo son mandat d’arrêt à 13 h 35, avant de procéder à la vérification de son identité et de transmettre aussitôt le dossier à la chambre d’accusation, qui doit statuer sur l’extradition. Les avocats veulent s’y opposer en déposant un recours pour « arrestation, détention et transfèrement illégaux ». Refus catégorique. Après des discussions animées, Gbagbo met fin aux débats. Pour lui, c’est une décision politique et il ne sert à rien de la retarder. « Il était préparé psychologiquement. Depuis le mois de mai, il explique que Ouattara ne peut gouverner tant qu’il réside sur le territoire national, explique Me Gbougnon. Cette nouvelle épreuve n’est pas la fin de sa carrière politique. Il nous répète souvent que la prison est un chemin pour aller à la présidence. »
Vêtu d’un pantalon de couleur kaki et d’une chemise blanche, l’ex-président quitte alors le tribunal vers 18 heures au milieu d’un cortège de voitures aux vitres teintées escortées par les militaires ivoiriens et les Casques bleus. Direction : l’aéroport de Korhogo, où l’attend un Grumman de l’État de Côte d’Ivoire. Le site est entièrement quadrillé et impossible d’accès. À 18 h 21, l’avion décolle pour un vol à destination d’Abid­jan. Durant une brève escale, le temps de faire le plein de carburant, certains prétendent avoir vu Gbagbo menotté au salon d’honneur de l’aéroport. Une version démentie par les autorités ivoiriennes, qui assurent l’avoir traité « avec dignité ». Accompagné des greffiers et du personnel de sécurité de la CPI, et des représentants de l’État ivoirien, il remonte à bord du même Grumman. Sa prochaine destination : La Haye, aux Pays-Bas.
Mercredi 30 novembre
Premières formalités
Arrivé un peu après 4 heures du matin à l’aéroport de Rotterdam, Gbagbo est ensuite conduit à bord d’un van gris métallisé, escorté par une voiture de la police néerlandaise, au centre de détention de Scheveningen, dans la banlieue de La Haye. Le nouveau pensionnaire y prend ses quartiers. Dans la matinée, il subit un examen médical, se voit signifier le règlement intérieur et se prête aux formalités administratives. Son avocat français, Me Emmanuel Altit, saute alors dans le premier avion pour Rotterdam. Lui aussi passe sa journée à la CPI afin de régler les détails liés à la procédure judiciaire et aux visites. « La comparution initiale de Laurent Gbagbo est programmée pour le lundi 5 décembre à 14 heures », annonce la CPI dans un communiqué.
Ce qui attend gbagbo
Laurent Gbagbo a rendez-vous, le 5 décembre à 14 heures, avec la présidente de la 3e chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI), Silvia Fernández de Gurmendi, et ses deux assesseurs pour l’audience publique de comparution initiale. Les juges vérifieront son identité, lui signifieront ses droits et s’assureront qu’il a été informé des crimes dont il est soupçonné. Ce préambule sera suivi d’une audience de confirmation des charges dans quelques semaines, voire quelques mois. D’ici là, le procureur Luis Moreno-Ocampo et son équipe réuniront les preuves de l’accusation. Les avocats de l’État ivoirien, les Français Jean-Pierre Mignard et Jean-Paul Benoit, se rendront à la CPI, le 8 décembre, pour étudier les modalités de leur collaboration. De son côté, Gbagbo préparera sa défense avec ses avocats, dont il devra rapidement communiquer la liste. Il pourra alors s’entretenir librement et confidentiellement avec ses défenseurs. À l’issue de l’audience de confirmation des charges, les juges auront soixante jours pour rendre leur décision : abandonner ou poursuivre. S’ils poursuivent, le procès ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs mois.
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