mercredi 30 mars 2011

Côte d'Ivoire : Gbagbo étoffe son armée et réclame un cessez-le-feu

Sous la pression des forces de Ouattara, Laurent Gbagbo chercherait-il à gagner du temps ?
Visant des négociations sous l'égide de l'UA, Laurent Gbagbo a demandé un cessez-le-feu aux forces d'Alassane Ouattara qui se rapprochent d'Abidjan. Mais chez les deux belligérants, l'option pacifique ne semble plus être à l'ordre du jour.
Alors que les Forces républicaines (FRCI) favorables à Alassane Ouattara progressent rapidement vers le sud de la Côte d'Ivoire, et après que des émissaires de Laurent Gbagbo ont fait des propositions de partage du pouvoir, le président sortant réclame désormais un cessez-le-feu.
« Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et à l'ouverture du dialogue sous la médiation du Haut représentant de l'Union africaine [UA] », a déclaré Ahoua Don Mello, le porte-parole du gouvernement Gbagbo. « Nous avons reçu un courrier de l'UA nous invitant à une négociation, du 4 au 6 avril à Addis-Abeba. On n'a pas encore répondu mais il n'y a pas de raison de refuser une occasion de dialoguer », a-t-il ajouté.

Les "voyous" de Gbagbo
Quoi qu'il en soit, le président élu Ouattara a déjà prévenu : « Toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gabgbo à reconnaître sa défaite sont épuisées. » Et malgré ses annonces, président sortant semble entrer dans la même logique militaire. Philippe Mangou, chef d'état-major des forces armées a indiqué que « le moment d'enrôlement effectif » pour les milliers de jeunes qui s'étaient enregistrés la semaine dernière, « était arrivé » et aurait lieu à partir de ce mercredi.
Semblant répondre à cette annonce, le président américain Barack Obama n'a pas été très élogieux vis-à-vis de ceux qui, dans la rue, soutiennent Gbagbo. « En Côte d'Ivoire, la situation est qu'un type, l'ancien président a perdu une élection. Il y avait des observateurs internationaux, tout le monde sait qu'il a perdu l'élection », a-t-il expliqué. « Et maintenant, il se sert de ses voyous pour essayer de se maintenir au pouvoir, intimider l'opposition et le président légitime.

CRISE CI : Cherif Ousmane en route pour Yamoussoukro

 
Cherif Ousmane (ph) rentre en action dans l'offensive des frci

:: Article de la rédaction de Koaci.com en Côte d'Ivoire;;

Les Fds basés à Tiébissou et Yamoussoukro viennent de se rallier aux Frci, ce mardi soir aux alentours de 19h gmt c’est ce que nous apprenons de plusieurs sources militaires fds et frci (pro Ouattara) concordantes jointes pour certaines à Bouaké et pour d'autres à Yamoussoukro.

Les éléments de l’armée ivoirienne attendent désormais l’arrivée annoncée sous peu du charismatique et craint « Cherif Ousmane » pour effectuer le ralliement.

La capitale ivoirienne et l’ancienne ville « frontière » entre la zone rebelle et la partie gouvernementale durant la rébellion avaient à l’instar des différentes villes prises ces derniers jours, été infiltrées par les éléments issus de l’ancienne rébellion des forces nouvelles et notamment ceux de la compagnie guépard du commandant « Cherif Ousmane ».

Par ailleurs sur le front de l'ouest alors que Bouaflé est désormais annoncée sous contrôle des frci, nous apprenons qu'à l'annonce de l'arrivée des frci dans la ville Bétée de Soubré, les commissariats et les gendarmeries ont été désertés et tous les commerces ont subitement fermés leurs portes, les populations apeurées à l'idée de la prise de la ville sont restées chez elle ou ont fuit vers Abidjan. A l'image de ces dernières, certains éléments des forces de l'ordre auraient mis eux aussi leurs parents en lieux surs et certains autres auraient préféré fuir.

Notons aussi que le camp commando d'Abobo a été vidé ce mardi soir aux alentours de 17hgmt par les éléments du "commando invisible" qui occupent, selon plusieurs témoins sur place, le camp. Certains véhicules type 4x4 du camp ont été retrouvés à Akeikoi, un quartier d'Abobo, aux mains des éléments du commando pro Ouattara qui sévit dans la commune depuis le début de la crise post électorale.

Tout indique, selon nos informations, que Cherif Ousmane, connu pour son courage et son efficacité pourrait bien être celui qui mènerait l'assaut final sur Abidjan par l'axe central de Bouaké-Yamoussoukro-Abidjan, offensive dont il avait été privé en 2002.

mardi 29 mars 2011

CFL@InfoContinueCI: CRISE CI: Gbagbo tente une riposte à Daloa et Duék...

http://obenyhoro.blogspot.com/2011/03/crise-ci-gbagbo-tente-une-riposte-daloa.html?spref=bl: "Laurent Gbagbo multiplierait les actions pour une opération de libération de Daloa et Duékoué actuellement sous contrôle des Frci pro Ouatta..."

CRISE CI: Gbagbo tente une riposte à Daloa et Duékoué, Issia tombe

Laurent Gbagbo multiplierait les actions pour une opération de libération de Daloa et Duékoué actuellement sous contrôle des Frci pro Ouattara (voir article Koaci). C’est ce que nous apprenons ce mardi soir, alors que la progression des frci s’accélère, de deux sources militaires concordantes.

Un contingent de l’armée, lourdement armé selon nos informations, parti d’Abidjan aux alentours 13h gmt, aurait pris la direction des deux villes pour mener une offensive prévue pour débuter cette nuit.

En défiant Laurent Gbagbo sur ses propres terres et en lui prouvant par la même qu’il ne pouvait plus compter sur les fds pour maintenir son pouvoir, les frci ont depuis ce lundi les villes de Duekoué et de Daloa sous leur contrôle et avancent en pays Abron et Agni à l'est du pays arrivant ce mardi soir à Abengourou après avoir pris Tanda.

La prise de la cité des antilopes ne serait selon nos informations, pas du gout de Laurent Gbagbo. Ce dernier aurait été dans tous ses états lors de l’annonce de la prise de Daloa. Nul doute que la reconquête de cette localité Bétée (ethnie de Laurent Gbagbo) apriori symbolique pour le camp Gbagbo, serait de fait devenu une priorité absolue pour celui qui jusqu’à ce jour est resté muet et sourd, refusant de céder le pouvoir comme demandé par la communauté internationale et le Rhdp.

Par ailleurs, une source proche des fds confirme ce mardi soir que les soldats envoyés pour libérer Daloa et Duékoué seraient en majorité des miliciens type Gpp (groupement des patriotes pour la paix) et autre miliciens guérés.

Reste désormais à savoir si ces nouveaux "envoyés de Gbagbo" auront le courage nécessaire pour se mesurer aux Frci sur le théâtre des opérations.

Selon nos toutes dernières informations, la ville d'Issia (centre Ouest, pays Bété) serait passée elle aussi ce mardi sous contrôle des Frci sous le commandement du commandant Wattao. Issia serait sur le point d'être totalement sécurisé pour permettre la progression vers d'autre ville, apprend t'on de sources concordantes sur le terrain.

Baroud d'honneur ou pas, l'expression "Gbagbo est arrivé à son terminus" est déjà dans beaucoup de bouche à Abidjan.

«Offensive généralisée» des forces pro-Ouattara en Côte d'Ivoire

Des forces pro-Ouattara à Anyama, dans le nord d'Abidjan, le 26 mars 2011.
Des forces pro-Ouattara à Anyama, dans le nord d'Abidjan, le 26 mars 2011.
Reuters/Luc Gnago
 
Par RFI
Les forces soutenant le président ivoirien reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, ont lancé lundi 28 mars 2011 leur plus grande attaque depuis le début de la crise post-électorale. Ce mardi matin 29 mars elles ont encore progressé, prenant le contrôle de Bondoukou, à l'est du pays, indiquent des habitants de cette ville frontalière du Ghana. Le camp du président sortant Laurent Gbabgo parle d'une « offensive généralisée » sur toute la ligne de front qui coupe le pays depuis 2002. Trois fronts sont désormais ouverts ce que confirme l'état-major des forces républicaines pro-Ouattara.
Le cessez-le-feu a désormais volé en éclats et les FRCI pro-Ouattara composées essentiellement de soldats des Forces nouvelles progressent vers le sud du pays. Lundi soir, après des combats à quelques dizaines de kilomètres de Bondoukou, elles sont entrées aux environs de 19h00 dans cette ville située près de la frontière ghanéenne.
Cette prise s'est faite sans combat de rue puisque les forces de défense et de sécurité loyales à Laurent Gbagbo s'étaient retirées au préalable. D'après plusieurs sources, les forces républicaines avançaient mardi à la mi-journée vers le sud en direction d'Abengourou.
La situation est plus incertaine dans les villes de Daloa et de Duékoué. A Daloa, tout d'abord : d'après plusieurs sources, après de violents combats hier, les forces pro Ouattara sont entrées dans cette ville située au cœur de la boucle du cacao. Selon les dernières informations que nous avons pu recueillir, elles auraient pris le contrôle de bases militaires et de l'aérodrome de Daloa mais seraient toujours confrontées à des poches de résistance.
A Duékoué, dans l'ouest, les combats ont également été violents. D'après nos informations, les FRCI sont désormais présentes dans cette localité mais le contrôle ne serait pas encore total en raison de la résistance de quelques combattants fidèles à Laurent Gbagbo.
Daloa, Duékoué, Bondoukou : faut-il voir dans cette triple offensive une tentative de déstabilisation des forces fidèles à Laurent Gbagbo ou bien le lancement d'une opération armée de grande envergure ? A cette question, un proche de Guillaume Soro répond que désormais l'objectif est la prise d'Abidjan. Une source militaire estime que la simultanéité des attaques laisse clairement penser qu'un mouvement d'ensemble a été lancé.
Dans la capitale économique ivoirienne en tout cas, si la journée a été calme hier, de nouveaux combats étaient signalés ce mardi matin à Abobo, quartier largement favorable à Alassane Ouattara. Des habitants de cette commune racontent que les forces de défense et de sécurité ont une nouvelle fois tiré des obus dans le secteur de PK 18.
L'impasse diplomatique
La dernière tentative en date pour trouver une issue politique à la crise ivoiriennne est la nomination d'un Haut représentant de l'Union africaine en la personne de José Brito, nomination aussitôt récusée par Alassane Ouattara.
Le président reconnu par la communauté internationale refuse l'arrivée de l'ex-chef de la diplomatie du Cap-Vert au motif qu'il a n'a pas été consulté, que ce Haut représentant n'est pas un ancien chef d'Etat et surtout qu'il n'est pas impartial.
Pour Amadou Gon Coulibaly, le secrétaire général de la présidence Alassane Ouattara, à l’heure actuelle l’importance est d’appliquer le plan politique proposé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui prévoit notamment le départ de Laurent Gbagbo.

Sécurisation des villes du pays - Les Frci avancent, Gbagbo négocie

Les Forces républicaines ne semblent pas vouloir se limiter à la riposte victorieuse aux attaques des miliciens et mercenaires pro-Gbagbo de l’Ouest.

Après avoir chassé les miliciens et mercenaires libériens pro-Gbagbo qui terrorisaient l’Ouest, les Forces républicaines semblent être passées à la vitesse supérieure.
Certes, dans l’interview qu’il nous avait accordée (édition du lundi 28 mars 2011), le général Michel Gueu, commandant du Fuseau ouest de l’opération ‘’Restaurer la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire’’, avait bien laissé entendre que l’avancée des Frci se poursuivrait. D’ailleurs, le nom de l’opération est suffisamment évocateur de ce point de vue.
Hier, c’est la ville carrefour de Duékoué qui a été livrée à la République. Dans la même journée, l’on apprenait que des combats se déroulaient à l’Est, dans la région de Bondoukou et aussi à Daloa, dans le centre-ouest du pays. Si les combats étaient confirmés, ils indiqueraient alors que les Forces républicaines ont lancé une grande opération de sécurisation de toutes les villes du pays. Aucune localité ne devrait donc être épargnée. Sans être un spécialiste des questions militaires, l’on observe que la prise de Duékoué ouvre désormais la voie vers Daloa et le port stratégique de San-Pedro. Rien n’indique que Daloa, la capitale du Haut-Sassandra et place forte militaire importante, ne sera pas touchée par cette opération des Frci.
De même, si elles conquéraient Bondoukou, les Frci s’ouvriraient les portes de l’Est, notamment Abengourou.
Cette grande offensive des Frci mettra à coup sûr une pression supplémentaire sur le clan Gbagbo, après des semaines de combats à Abidjan, contre le commando invisible qui a pris la grande commune d’Abobo. L’étau militaire se resserre donc sur l’ex-chef de l’Etat, obligé de se barricader derrière des miliciens et des mercenaires, face à la désintégration de l’armée, dont beaucoup d’éléments valables ont rejoint les Frci.
Quel dialogue veut Gbagbo ?
Parallèlement à l’intensification des opérations militaires, marquée par un recul de ses forces, Gbagbo s’active en coulisses pour obtenir l’ouverture de discussions avec le président élu, Alassane Ouattara. Bien sûr, les contacts sont encore jugés informels par le camp Ouattara. L’on apprend ainsi que le téléphone n’arrête pas de sonner. Plusieurs proches de Gbagbo sont entrés en contact avec des membres du camp Ouattara, au cours des derniers jours. Charles Blé Goudé, leader des ‘’jeunes patriotes’’, a ainsi appelé, à deux reprises, le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko. De même, Alcide Djédjé, ancien ambassadeur auprès des Nations Unies, a passé un coup de fil au ministre Patrick Achi, porte-parole du gouvernement. Le patron de la jeunesse du Front populaire ivoirien (Fpi), Konaté Navigué, a lui contacté par téléphone, Alain Lobognon, conseiller spécial du Premier ministre, Guillaume Soro. Tous les messages informels avaient la même teneur : l’ouverture de discussions directes entre Ivoiriens, le nouveau crédo du clan Gbagbo.
Selon des sources diplomatiques, l’ex-chef de l’Etat cherche à obtenir le soutien de certaines chancelleries à sa démarche. Un lobbying est en cours auprès des ambassades du Japon, de Belgique et du Vatican.
A l’analyse, il apparaît clairement que Gbagbo rêve tout simplement d’un schéma identique à celui qui a conduit à la signature de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo) avec l’ex-rébellion des Forces nouvelles. Il veut surtout profiter des atermoiements de l’Ua, pour engager Ouattara dans un processus qui traînerait en longueur. Selon certaines sources, le clan Gbagbo milite même pour un arrangement qui lui laisserait le pouvoir pour au moins deux ans.
Si l’intention de négocier était bien sincère, elle commencerait d’abord par l’acceptation du verdict des urnes, le choix des Ivoiriens librement exprimé le 28 novembre 2010. Laurent Gbagbo peut envoyer un signal fort pour attester de sa bonne foi. Il lui suffit de faire sienne la dernière décision de l’Ua.
Le Conseil de paix et de sécurité (Cps) a produit un rapport clair qui pose comme condition première que Gbagbo se retire au profit d’Alassane Ouattara. C’est seulement à partir du moment où le nouveau président est installé que s’ouvrent les négociations annoncées par l’Ua. C’est Alassane Ouattara, en tant que président de la République, qui doit saisir le Cps sur la suite du processus. Depuis 10 jours, Laurent Gbagbo doit livrer un message dans lequel il accepte de se retirer. Il l’a promis à Jacob Zuma.
Une atmosphère de fin de règne plane plus que jamais sur Abidjan. L’ambiance n’est plus au beau fixe dans le clan de Gbagbo. Beaucoup de ses collaborateurs ont abandonné leur domicile. Plusieurs ont déjà évacué leur famille vers Accra et Kumasi au Ghana. D’autres lorgnent vers Pretoria et Luanda.

lundi 28 mars 2011

Côte d'Ivoire : la bataille de Duékoué a commencé

Partisans d'Alassane Ouattara patrouillant le 26 mars 2011 dans le quartier d'Abobo, à Abidjan.
Grand carrefour de l’Ouest ivoirien, la ville de Duékoué est un verrou stratégique sur la route du port de San Pedro. Les forces favorables à Alassane Ouattara ont commencé à en chasser les militaires et miliciens fidèles au président sortant Laurent Gbagbo.
C’était attendu : après avoir enregistré de nombreux succès le mois écoulé, les forces armées favorables au président élu Alassane Ouattara ont attaqué Duékoué, le carrefour stratégique de l’Ouest ivoirien. « Nous avons engagé les hostilités pour sécuriser le Grand Ouest, en particulier Duékoué et Guiglo, où des miliciens sèment la terreur », a indiqué lundi matin à l'AFP Seydou Ouattara, le porte-parole militaire des forces républicaines pro-Ouattara (essentiellement composées d’ex-militaires des Forces nouvelles).
« On a encerclé Duékoué et il est possible que les deux villes, Duékoué et Guiglo, tombent aujourd'hui [lundi] », a ajouté le porte-parole depuis Bouaké. « Nos positions ont été attaquées par des rebelles dès 5 heures (locales et GMT) sur la base située à l'entrée ouest de Duékoué », a confirmé un membres des Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles au président sortant, Laurent Gbagbo.
"Les tirs continuent"
« Les tirs venaient de partout, on avait l'impression d'avoir été encerclés. Nous avons réussi un repli tactique [depuis la base située à l'entrée ouest de Duékoué]. Mais nous comptons deux morts, dont le chef de compagnie, et trois blessés », a-t-il précisé avant d’indiquer que « les tirs continuent d'être entendus dans la ville ».
Duékoué est à la confluence des routes de l'ouest menant au Liberia, de celles du nord vers la Guinée, de celle de l'est reliant la capitale politique Yamoussoukro et de celle du sud vers le port de San Pedro, par où transite le cacao. Mais la progression des forces pro-Ouattara ne se fait pas sans causer de graves problèmes humanitaires. Depuis le début de la crise postélectorale qui se transforme désormais en véritable guerre civile, plus de 90 000 Ivoiriens se sont réfugiés au Liberia, dont plus de la moitié durant le mois écoulé.

Réorganiser les élections jusqu’à ce que Gbagbo gagne

Lors de l'élection présidentielle de novembre 2010, le slogan de campagne de Laurent Gbagbo était «On gagne ou on gagne». Une conception inacceptable de la démocratie, dangereuse pour tout le continent.

Trois jours après sa prestation de serment comme 44e président des Etats-Unis, Barack Obama convoquait une réunion de leaders parlementaires, républicains et démocrates. Au cours de celle-ci, les républicains se font agressifs dans leurs propositions de mesures à prendre pour sortir le pays de la grave crise financière qu’il traverse. Pour tempérer leurs ardeurs, le président leur répond: «Les élections ont des conséquences, et j’ai gagné». Et McCain, son principal rival, de rétorquer: «Je sais Monsieur le Président, chaque jour qui passe me le rappelle».

«Les élections doivent avoir des conséquences»

En Côte d’Ivoire et partout ailleurs en Afrique, les élections doivent avoir des conséquences; et la plus immédiate est que le vainqueur doit gouverner. On a compté et recompté les bulletins devant les caméras de télévision du monde entier et le résultat est toujours le même —et sans équivoque: Ouattara a gagné. Le Conseil constitutionnel aux ordres de Gbagbo a éliminé le vote des populations de cinq départements du nord favorables à Ouattara, faisant ainsi d’elles des non-citoyens de fait; malgré cette forfaiture d'une grossièreté sans nom, les chiffres donnent toujours Ouattara vainqueur. La conséquence immédiate de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire est que Ouattara doit gouverner.
La position de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Union africaine (UA) est sans équivoque: Ouattara a gagné les élections et il est le président de la Côte d’Ivoire. Le panel des cinq chefs d'Etat nommé par l’UA pour évaluer le processus de la présidentielle ivoirienne s'est donné le temps d'écouter toutes les parties et d'analyser les documents relatifs à ladite élection.
Ce panel est arrivé à la conclusion de toute personne sensée: Ouattara est celui que la majorité des Ivoiriens a démocratiquement choisi comme président. Il doit par conséquent gouverner le pays. Toute autre alternative pour sortir le pays de la tragique impasse postélectorale dans laquelle le camp Gbagbo l’a plongé serait inacceptable et contre-productive.
Le partage du pouvoir ou la formation d'un gouvernement de transition envisagé par certains serait un grave coup à la compétition démocratique et créerait des émules dans d'autres pays. Les cas du Kenya et du Zimbabwe, où les présidents sortants se sont accrochés au pouvoir après un résultat des urnes défavorables, ne sont pas comparables à ce qui s'est passé en Côte d’Ivoire, et ce pour une raison évidente: c’est devant les caméras du monde entier que Ouattara a gagné. De plus, au Zimbabwe comme au Kenya les victoires des sieurs Tsvangirai et Odinga n’avaient pas été déclarées par une commission électorale indépendante —ni certifiées par les Nations unies.
Et puis, si certains Africains veulent inventer un nouveau mode de sélection des leaders politiques dans leur pays, qu’ils le disent clairement. Les élections sont un modèle occidental de sélection des leaders locaux et nationaux en contexte républicain, et, pour dire vrai, ce modèle fut imposé aux Africains. En Afrique précoloniale, le mode de sélection des leaders obéissait à des règles de succession précises et c’est par consensus qu’on arrivait au choix final.
Si certains veulent revenir à cette pratique politique, tant mieux; ils n’ont qu’à nous expliquer comment c’est faisable au sein d’une république où l’égalité des citoyens est —en principe— inscrite dans la Constitution. En attendant la mise sur pied d’un tel arrangement, on sélectionne les leaders politiques par le biais d’élections. Et celles-ci ont des conséquences. Si on prétend être en démocratie représentative, on doit admettre que le fauteuil présidentiel ne se partage pas entre le vainqueur et le vaincu d’une élection présidentielle. Un point, un trait!

«On gagne ou on gagne»

Pour le reste, l’argument selon lequel on devrait partager le pouvoir ivoirien parce qu’il y a eu des irrégularités est tout simplement bancal. Même dans la plus ancienne démocratie représentative du monde, celle des Etats-Unis, on note parfois des irrégularités aux élections.
Qu’on se souvienne des présidentielles en Floride en 2000, ou en 2004 dans l’Ohio. Mais quand ces irrégularités ne sont pas massives au point de compromettre le résultat du scrutin comme ce fut le cas aux Etats-Unis et en Côte d’Ivoire en 2010, on s’en accommode.
L’argument selon lequel on devrait organiser de nouvelles élections parce que celles de novembre 2010 se sont déroulées dans de mauvaises conditions est simplement stupide et irrationnel. Il fait d’ailleurs étrangement écho au premier des slogans de campagne de Gbagbo, «On gagne ou on gagne» —et revient à dire que l’on va organiser de nouvelles élections jusqu'à ce que Gbagbo gagne.
Cette procédure enrichirait certainement la théorie et la pratique de la démocratisation... Et ceux qui avancent cette solution ridicule ne disent surtout pas un mot sur le financement d’une reprise de l’élection présidentielle ivoirienne; celle de novembre 2010 a coûté plus de 300 millions d'euros, soit l'une des plus chères au monde, dans un pays en voie de sous-développement. Ils ne disent surtout pas qu’ils mettront la main à la poche. Peut-être auront-ils le toupet de demander aux Nations unies de refinancer une autre élection ivoirienne, alors que cette même organisation a certifié les résultats de la première?

Zuma change de cap

Zuma, le président de la première puissance continentale, l’Afrique du Sud, semble tomber dans le piège nationaliste-africaniste de Gbagbo, qui se cache derrière cet artifice pour enlever au peuple ivoirien sa prérogative de choisir librement ses dirigeants. Le discours «gbagboïste» qui accuse la France et les Occidentaux de vouloir imposer un président à la Côte d’Ivoire touche singulièrement le Sud-Africain. On n’est pas surpris de voir Zuma tomber facilement dans ce piège car, comme les leaders africains-américains aux Etats-Unis, il est très sensible au jeu politique sur fond de racisme —et pour cause! Mais que l’Africain soit un loup pour l’Africain est un concept étranger à Zuma.
Quelques pages de l’histoire postcoloniale de l’Afrique lui apprendraient pourtant que les meurtres d’Africains par Mobutu Sese Seko (ex-dirigeant du Zaïre), Jean-Bedel Bokassa (ex-«empereur» de la Centrafrique), Idi Amin Dada (ex-président de l’Ouganda), Macias Nguema (ex-dirigeant de la Guinée équatoriale) et consorts sont comparables à ceux perpétrés par les Européens pendant la colonisation. D’autres pages de traités politiques apprendraient aussi à Zuma que la politique sous tous les cieux, en dictature comme en démocratie, en blanc ou en noir, a pour raison d’être le contrôle et la distribution des ressources étatiques.
Quelque chose me dit que ses conseillers l’ont convaincu, à tort ou à raison, que les intérêts sud-africains en Côte d’Ivoire sont mieux protégés sous Gbagbo que sous Ouattara —raison d’Etat oblige. Mais au regard de la récente décision de l’Afrique du Sud de reconnaître publiquement Ouattara comme président de la Côte d'Ivoire, quelque chose me dit aussi que la tête de Gbagbo fut mise à prix lors de la récente visite de Zuma au président français à Paris.
Si Gbagbo ne tire pas toutes les leçons de cette récente et ultime déconvenue diplomatique, son «on gagne ou on gagne» risque de vite se transformer en «on perd ou on perd».
Narcisse Tiky
Professeur de sciences politiques, University of Connecticut, Etats-Unis