Mais nous, qu’est-ce que nous avons fait ? Dogbo Blé est là, à Korhogo. Il sait bien que nous lui avons sauvé la vie. Tous les chefs militaires ont été responsables. Qui a été tué par nous ? Dites-le moi !
Quand nous rentrions à Abidjan, nous nous sommes arrêtés à la lisière de la ville. J’ai appelé le général Dogbo Blé. J’ai dit ‘’mon général, nous avons encerclé la ville d’Abidjan. Je ne veux pas de bain de sang dans la ville d’Abidjan. Je vous demande en tant que patron de la garde républicaine, d’aller voir le président Gbagbo et de lui dire de déposer les armes. S’il n’a pas confiance en nous, qu’il aille à la résidence de l’ambassadeur de France ou à l’Onuci. Nous allons rentrer dans la ville d’Abidjan sans qu’il y ait combat. Je m’engage à négocier avec le président élu Alassane Ouattara pour qu’on négocie avec l’Union Africaine pour lui trouver un poste, comme on en a trouvé au général Sékouba Konaté en Guinée’’. Je me rappelle encore très clairement ce que le général Dogbo Blé m’a dit. Il m’a dit ‘‘monsieur le Premier ministre, je suis militaire et je sais me battre et j’ai les moyens de me battre’’. Voilà la réponse qu’il m’a donnée. J’ai dit merci mon général.
Moi, je ne suis pas militaire, je ne sais pas ce que cela veut dire, mais le civil que j’étais, j’ai compris qu’il n’était pas très disposé à faire la paix. Quand nous sommes entrés à Abidjan, le président m’a encore demandé d’appeler tous les généraux pour leur demander de venir faire allégeance. J’ai appelé tout le monde. Mangou est venu, Kassaraté est venu. Guiai Bi Poin est venu. Impossible de joindre Dogbo Blé. Et on apprend qu’il veut se déguiser pour sortir. Il a été pris. Lorsqu’il a été pris, Dieu seul sait et lui aussi le sait, il peut témoigner qu’on a dû donner de nos dos et de nos bras pour le protéger afin qu’il soit en vie. Et il est en vie. Il aura droit à un procès équitable.
Donc, je le dis publiquement pour que les gens le sachent. Vagba Faussignaux était dans le bunker, il s’est battu, il a été blessé. Mais c’est bien nous qui l’avons envoyé à la Pisam pour le soigner. Mais je sais très bien que si l’un d’entre nous était blessé, ce n’est pas à la Pisam qu’on l’aurait envoyé. Le premier acte de réconciliation, c’est de donner la vie et nous avons donné la vie à Dogbo Blé, à Faussignaux et à tous les officiers qui ne rêvaient de faire de nous qu’une bouchée. Quand on a fini cela, le reste, c’est une question de procédure.
C’est pourquoi, je voudrais m’adresser aux militaires parce que la fâcheuse tendance des politiques, c’est de manipuler l’armée. Il faut que l’armée reste et demeure apolitique au service de l’Etat parce que si on avait eu des généraux courageux, capables d’aller s’asseoir comme je l’ai fait le 30 novembre devant Gbagbo pour lui dire ‘‘Monsieur le président, nous sommes militaires, certainement que vous avez gagné mais la situation militaire sur le terrain est difficile’’. Peut-être qu’on n’aurait pas eu 3000 morts. De la même façon que le préfet de Bouaké s’est levé pour dire qu’il n’y a pas eu de fraude à Bouaké. (…)’’
L’armée n’est pas là pour se retourner contre sa population. L’armée est là pour la protéger contre tout danger, pour la sécuriser, pour sécuriser les biens de cette population.
Le jeu démocratique est simple, celui qui a gagné, c’est lui qui dirige. Tu as perdu, tu passes la main. Si tu veux revenir, le peuple est là, convainc-le, parle-lui, séduit-le, drague-le. Mais si on compte sur l’armée parce qu’on a nommé son cousin du village général, c’est terminé.
On est en 2011, ce qui a été possible en 1960 ne peut pas être possible en 2011. 2011, il y a facebook, twitter, rien ne peut se cacher. On est en 2011, la démocratie est partout. Qui aurait pu penser qu’en Tunisie, en Egypte, ces choses-là allaient se produire ?
Maintenant, la politique est moderne, c’est sur internet ; je me demande dans les années à venir, si les mêmes outils traditionnels d’appareils politiques vont survivre aux nouvelles technologiques de l’information et de la communication. Maintenant, les gens font leur campagne sur internet et ils gagnent.
Il faut que l’armée joue son rôle. Vous êtes-là, je sais que beaucoup sont allés en exil. Nous avons demandé à tout le monde de revenir. Mais nous ne pouvons pas obliger quelqu’un qui est allé en exil à revenir. Tous ceux qui sont revenus sont là, vivent tranquillement, il n’y a aucun problème. Moi-même, j’ai été un exilé et je sais ce qu’est que la vie d’exil. Au début quand tu vas, tu es tout courageux, tu es tout feu, tout flamme. Tous les matins, quand tu te réveilles, non seulement tu espères que le régime tombe mais dans tes rêves, tu vois que le régime est tombé. Tes rêves peuvent prendre dix ans, c'est-à-dire pendant dix ans, tu peux rêver. Arrêtez de rêver, venez en Côte d’Ivoire pour qu’on travaille pour construire le pays. Ce qui mérite d’être fait, c’est le travail, il faut qu’on travaille. Il faut rebâtir la Côte d’Ivoire. Il faut faire de la Côte d’Ivoire un Etat moderne, un Etat-leader qui tire les pays de la sous-région. C’est pourquoi, je voudrais insister auprès des chefs militaires pour qu’ils soient auprès de leurs hommes pour leur inculquer la discipline, leur inculquer l’amour du travail.
Les policiers reviennent ici, il faut que la population les accompagne. Mais il ne faudrait pas qu’on nous appelle après pour dire qu’il y a des rackets, ce n’est pas bon. Il faut que les populations accueillent les gendarmes mais, il faut bannir les aspérités du métier, les rackets et autres. Cela doit cesser. Concernant les douaniers, ce n’est pas la peine d’aller dédouaner jusque dans la chambre des gens. Je demande aux eaux et forêts de protéger nos forêts. Le gouvernement veut compter sur des hommes de valeur, compétents, rigoureux et disciplinés. Et cela, je suis convaincu que c’est possible de le réussir.
Je vous invite à accueillir ici à Bouaké le dernier pilier de notre nation, de l’Etat de Côte d’Ivoire. De votre accueil, dépendra le futur. Je veux qu’il y ait une symbiose avec la population de Bouaké.
Vive la ville pour que vive la Côte d’Ivoire. Je vous remercie ! »
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